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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 09:24

La publication régulière par le Ministère de l’agriculture des résultats économiques des exploitations agricoles françaises apporte à chaque fois son lot d’enseignements. Les chiffres provisoires pour 2013, publiés le 10 juillet dernier, ne dérogent pas à la règle. On y apprend que le résultat courant avant impôt des moyennes et grandes exploitations françaises s’élève en moyenne à 28900 euros par actif non salarié, en baisse de 19,8 %, après, il est vrai, trois années de hausse. Cette baisse significative est surtout imputable aux exploitations de grandes cultures, qui ont vu leur résultat chuter de - 50 % au niveau national... En Auvergne, région où l’élevage est dominant, la baisse est plus limitée, de l’ordre de – 5 %, avec un résultat courant avant impôt de 22100 euros.

Au-delà de ces chiffres, qui devront être confirmés lors de la publication définitive des comptes de l’agriculture fin 2014, il est intéressant de se pencher sur les grandes tendances de la production agricole. Et là, surprise : on assiste à un phénomène inquiétant, qui est la baisse des volumes de production, particulièrement marquée en productions végétales. On constate également une diminution de la production de viande bovine, tendance également observée en Auvergne. Bref, au fil des années, la ferme France produit moins, un paradoxe lorsque l’on connait les promesses de la demande mondiale et que l’on constate les succès de nos voisins européens, en particulier l’Allemagne.

Autre paradoxe, et non des moindres : même en produisant moins en volume, les agriculteurs français utilisent de plus en plus d’intrants (engrais, phytosanitaires…), et le rythme des investissements ne diminue pas ! Au final, la perte de valeur ajoutée de l’agriculture française a atteint – 25 % en 2013, un record !

Il ressort de ces chiffres un constat : les agriculteurs français se spécialisent de plus en plus comme des producteurs de matières premières. Des producteurs dont la principale marge de manœuvre à l’échelle individuelle est de produire de plus en plus, en s’agrandissant, même si collectivement l’agriculture française décroche. Cette course en avant se traduit socialement : depuis 1992, l’agriculture française a perdu près de 500000 actifs et les prévisions pour les 8 ans à venir font état d’une baisse de l’ordre de 80000 emplois, soit environ 1 % par an ! Alors même que les niveaux de revenu moyen en 2013 de chaque agriculteur français est du même ordre que celui du début des années 2000 !

En deux mots, la diminution du nombre d’agriculteurs se poursuit inexorablement alors même que les volumes de production diminuent également. Dans une logique très libérale, l’agriculture paye lourdement les gains de productivité qui aboutissent à une banalisation de la valeur de l’alimentation et qui dévalorisent systématiquement le travail des producteurs. Mais combien d’agriculteurs resteront dans les 20 à 30 ans qui viennent ? La question mérite d’être remise à l’ordre du jour, car si la France n’est plus en mesure de développer ni même de maintenir son niveau de production, c’est tout un pan de notre économie qui s’effondre. Ce n’est pas acceptable.

L’agroécologie, dont les fondements sont désormais inscrits dans la loi, doit se traduire concrètement. On en est loin. Il faudra pourtant redonner du pouvoir et de l’initiative aux agriculteurs, au sein de filières dynamiques et innovantes, fortes économiquement et ancrées aux territoires.

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commentaires

P
Nul comme d'habitude venant d'un veillard despote nespote incompétent dogmatique inculte radin ...<br /> Bonne retraite.
Répondre
P
Nul comme d'habitude venant d'un veillard despote nespote incompétent dogmatique inculte radin ...<br /> Bonne retraite.
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